Cela fait longtemps que je cherche sans succès des oiseaux à photographier. L'autre jour un groupe de bruants des roseaux m'a fait une belle surprise, alors que je ne cherchais pas du tout à faire des photos (c'est souvent le cas...).

Lors d'une sortie au bord du Lac du Bourget, par temps froid et sous un paysage enneigé, j'ai repéré depuis un observatoire un groupe de nettes rousses dont une femelle portait une marque nasale. Une marque nasale est une bague fixée sur le bec des canards sur laquelle un code est inscrit. Ceci permet d'identifier à distance des individus préalablements capturés et ainsi de suivre un peu leurs déplacements. Malheureusement l'oiseau était trop loin et ma Super Zeiss ne suffisait pas pour lire le code. J'ai alors décidé de me rendre dans un espace public pour avoir une meilleure proximité avec l'oiseau. Ce fût une bonne idée car j'ai fini par lire le code de l'oiseau malgré une distance toujours limite.

En retournant à la voiture, je m'arrête net devant une bande de roseaux située au bord d'un chemin de promenade: 2 bruants des roseaux se nourrissent sur les phragmites. Je sors le fuji F30 du sac et le fixe sur la longue-vue, et je m'approche à environ 25 mètres des oiseaux. Ils ne partent pas et j'arrive à faire quelques photos.

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Je tente de m'approcher plus, lentement, accroupi dans la neige, sous le regard de quelques promeneurs qui, une fois de plus, doivent se demander ce que je fais. Mais de toute façon le photographe naturaliste est destiné à passer pour un extraterrestre aux yeux des gens. Au début, on se sent gêné, et puis après on s'habitue... Très vite je remarque que les oiseaux se montrent insensibles à mon approche, occupés à trouver à manger dans ce froid inhabituel. Ceci est très rare, les photos d'oiseaux à l'approche sont en général impossible à faire. Il est fort possible que la détresse alimentaire fasse que les oiseaux se préoccupent moins des "prédateurs" qu'en temps normal. Celà ne veut pas dire pour autant que ma présence ne les stresse pas. Je reste alors raisonnable avec la distance d'approche, environ 8 mètres et c'est le top en digiscopie.

Pour les premières tentatives de photos, j'ai beaucoup de mal à cadrer les oiseaux. Le soleil sur l'écran de l'apn m'empêche de voir l'image correctement. D'habitude je suis sous un filet de camouflage qui fait de l'ombre et le problème ne se pose pas, mais là c'est une situation particulière. De plus, je n'ai aucun repère dans les roseaux pour trouver les oiseaux, et dès que j'en cadre un, il saute sur une autre tige. Ce comportement est typique, les oiseaux se sentent visés par l'objectif et se déplacent toujours au mauvais moment !

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Finalement, j'arrive à faire quelques photos durant les courts instants où les oiseaux ne sont pas au milieu des tiges de roseaux qui rendent l'environnement très encombré, peu propice à une belle image. La neige créant une belle ambiance d'hiver, je me doute que le résultat peut être vraiment beau alors je m'applique et j'insiste, même si les promeneurs en passant font régulièrement fuir les oiseaux (involontairement, bien sûr, mais c'est toujours un peu énervant pour le photographe...). Voici 2 images parmi mes préférées, vous en retrouverez d'autres rapidement dans la galerie !

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En tout, je passe environ 1 heure en compagnie de ces bruants, avant que la lumière ne commence à baisser et que je commence à grelotter... Moralité, une fois de plus c'est près de l'homme que je fais des belles photos d'oiseaux, et non dans une zone bien sauvage. Je dis une fois de plus car c'est bizarrement souvent le cas !

Et pour en revenir à la Nette rousse, la lecture du code m'a permis d'apprendre que l'oiseau en question à été bagué dans la Loire en 2008, puis que l'hiver suivant il a été vu en Allemagne, avant de revenir au printemps 2009 dans la Loire. Cet hiver il aura donc choisi de fréquenter le Lac du Bourget.