En général, en photo animalière, le photographe est là, tapis dans son affût, et l’oiseau ne vient pas. Mais parfois, l’affût est là, les oiseaux aussi, mais c’est le photographe qui ne vient pas. Et autant vous dire que c’est très con comme situation ! Mais c’est ce qu’il s’est produit avec le couple de pics mar. Entre les soirs ou j’ai fini le boulot trop tard, et les multiples soirs d’orage où le sous-bois était beaucoup trop sombre, j’ai loupé toute la repro des oiseaux. Le premier samedi où j’ai enfin pu me rendre dans mon affût, il ne restait déjà plus qu’un seul jeune dans la loge. Le temps de louper quelques photos de nourrissage, et le lendemain matin, il était déjà parti.

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J’avais, à un autre endroit, repéré un nid de rougegorges et un nid de tariers pâtre. Normalement, tout se présentait bien, j’aurais dû faire de jolies photos. Le couple de tariers était installé dans une petite prairie tranquille, les oiseaux utilisaient un vieux chardon pour se percher avant et après avoir plongé dans le nid caché dans les herbes pour ravitailler leurs petits. Ce perchoir était à moins de 15 mètres d’une haie parfaire pour installer un affût, et derrière le perchoir il y avait des petites fleurs jaunes qui créaient un joli fond. De plus, le matin, la scène était bien éclairée, et le soir, il y avait un contre-jour impeccable.

Mais voilà, le paysan a eu la bonne idée de mettre ses vaches dans le pré 1 où 2 jours après mes repérages. Résultat, à en juger la végétation du sol couchée dans le bois, les vaches sont allées faire la sieste tout autour du nid des rougegorges qui a été abandonné pendant la couvaison. Résultat, 8 œufs tout froids, à peine de quoi faire une petite omelette…

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Les vaches ont aussi eu la bonne idée d’installer leur quartier général à 10 mètres du nid des tariers. Du coup, elles y passaient le plus clair de leur temps. Y en a même une qui a failli coucher le perchoir des oiseaux avec son gros bide en passant tout près du nid. Du coup, catastrophe. Les tariers se sont mis à alarmer toute la journée sans ravitailler leurs jeunes, mais curieusement, ils n’ont pas abandonné le nid et profitaient des moments d’absence des vaches pour amener à manger aux poussins. Et bien entendu, quand les vaches étaient un peu plus loin, si je m’approchais de la haie pour m’installer en affût, elles venaient toutes s’agglutiner autour de moi et donc autour du nid…

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Un matin, après bien 2 heures d’attente, le troupeau se décide à aller un moment à l’ombre, dans le bois où le Rougegorge était parti depuis longtemps. Je tente de m’installer en affût dans la haie comme je peux, mais je perturbe quand même les oiseaux, d’autant plus qu’il y a aussi un couple de Pie-grièches écorcheurs qui s’est installé dans la même haie depuis quelques jours et qui effraye les tariers. Je peux quand même essayer de photographier les oiseaux à l’atterrissage, ce qui était mon idée de départ, mais bon ça foire pas mal. J’ai fait la mise au point sur le perchoir, car il me semblait qu’ils y arrivaient les ailes ouvertes, mais en fait non, la meilleure posture se présente un peu avant que les oiseaux ne se posent, donc quand ils sont encore derrière la zone de netteté. De plus, comme la matinée est un peu trop avancée, la lumière est dure et il y a beaucoup de turbulences dans l’air, ce qui n’améliore guère la netteté des images !

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Dommage pour la dernière…

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Après cette première tentative, pas le temps de modifier les réglages car les vaches reviennent déjà…

Nouvelle tentative en fin d’après-midi, les vaches ne sont pas là, le soleil non plus, c’est tant pis pour les photos en vol qui nécessite trop de lumière, et pour les contre-jours avec les ailes déployées éclairées par transparence par le soleil… Donc juste une petite photo de la femelle avant qu’elle ne plonge dans le nid.

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Et puis la pluie arrive. Les vaches sont à l’abri dans le bois, et c’est là que je me dis que c’est l’occasion d’essayer de faire des photos sous la pluie. Je décide d’utiliser ma télécommande, qui en théorie à une portée de 60 mètres, pour déclencher les photos. Comme ça, étant loin des oiseaux, je ne les dérange plus, et la simple présence du matériel sur pied dans le pré, bien protégé par une housse imperméable hi-tech (= un sac poubelle tenu par 2 élastiques) ne les gêne absolument pas. Je me cache à environ 40 mètres, ça marche, les oiseaux ravitaillent à fond, il pleut bien et moi je déclenche des photos à bloc avec la télécommande. Je récupère le matos, je regarde les photos, et là, je vous le donne dans le mille : pas la moindre trace de photo ! Et oui, encore une arnaque, cette télécommande (Phottix Aion, que j’ai quand même payé 100 euro et qui me sert à la base pour programmer mes astrophotos) a en fait, après vérification, une portée fiable de 7 ou 8 mètres. Au-delà de 10 mètres, elle est larguée. Elle déconne aussi régulièrement en astrophoto même quand je la laisse à 1 mètre du récepteur, super le matos !

Le lendemain, il repleut, les vaches sont à nouveau à l’abri dans le bois, je retente ma chance, cette fois en me planquant juste derrière la haie avec ma télécommande, et en ayant juste un petit trou dans les branchages pour voir le perchoir. Ça fonctionne enfin, bon, ça fait des photos sympas avec les gouttes d’eau, mais ces dernières sont moins présentes sur les photos que ce que j’imaginais. Pourtant il pleut pas mal !

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Cinq minutes après la dernière photo, le soleil sort en contre-jour, ambiance magnifique, mais pas d’oiseau sur le perchoir bien entendu !

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Et 20 minutes plus tard, il pleut à bloc, cette fois l’ambiance pluie est bien présente sur les photos, mais toujours pas les oiseaux…

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Et puis voilà, lors de ma visite suivante, tout était fini. Les oiseaux avaient malheureusement abandonné le nid, plus de nourrissage, aucun jeune nulle part. Les vaches ont surement eu raison de la patience des tariers. Pour les photos de compétition, il faudra revenir l’année prochaine, avant les vaches cette fois. En général, il y a toujours un couple de tariers dans ce secteur, mais pas toujours aussi idéalement placés. Et moi, pour me venger, je me suis enfilé une belle entrecôte bien saignante au diner !