Fin février (oui je sais ça commence à dater...), j’ai décidé, pour passer le temps, de me lancer dans le défiltrage de mon vieux canon 50D pour le convertir du mieux possible à l’astrophotographie. Alors c’est quoi le défiltrage ???

Dans le ciel profond, il y a beaucoup de nébuleuses rouges qui émettent une lumière ayant une longueur d’onde assez spécifique que l’on appelle H-Alpha, issue de l’ionisation de l’hydrogène. Cette lumière est malheureusement arrêtée en grande partie par un filtre présent devant les capteurs des appareils photo et qui sert justement à éviter que les photos terrestres soient trop rouges. En astrophotographie, c’est bien dommage de se priver de toute cette lumière rouge qui est émise en grande quantité par les nébuleuses. Alors pour résoudre le problème, on peut mettre son reflex en pièces, sortir le capteur, faire sauter ce fichu filtre, et remonter le tout. Normalement, il faut faire faire cette opération par un pro, mais ça coute dans les 300 euro. Sinon, on peut risquer de le faire soi-même, et il parait qu’on a environ 1 chance sur 2 de bousiller son reflex…

Mais voilà, je n'ai pas résisté à la tentation. Le 50D n’étant jamais utilisé en astrophoto car un peu trop haut de gamme, j’ai galéré pour trouver comment faire. Mais j’ai fini par trouver un tuto assez détaillé en anglais. Alors un jour je me suis lancé.

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Un dernier regard sur mon 50D encore en un seul morceau et c’est parti :

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Le premier capot est assez facile à enlever. Il y a les 2 premières nappes à déconnecter, celles de l’écran et des boutons. Elles ont été très faciles à déconnecter. Il a juste fallu que le capot m’échappe des mains, et en tombant ça s’est débranché tout seul. J’avoue que c’était pas prévu comme ça mais j’ai pas fait exprès…

Ensuite, il y a un bon gros circuit imprimé à virer, avec 10 nappes à débrancher, et plusieurs systèmes de connexions à étudier 1 par 1 pour essayer de ne rien abimer. Si on en casse 1, c’est fini, poubelle direct ! Il y a aussi un coup de fer à souder à mettre pour enlever un bout de blindage. Bon, ça se passe bien, je peux dégager ce circuit :

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On arrive enfin au capteur, le gros carré noir avec les monster connexions en haut et en bas. Il y a 3 vis à enlever pour le sortir complètement. Et c’est là qu’il manquait un petit détail dans le tuto : Les 3 vis ne sont pas serrées à fond, et servent en fait à régler l’orientation du capteur, pour qu’il se retrouve pile poil aligné dans le plan de netteté de l’image. Du coup, il faut repérer la position exacte des 3 vis en vue du remontage. Moi, je vire tout sans me soucier de ça, et ce n’est qu’en enlevant la 3ème vis que je vois le système de ressort dessous qui me fait percuter que ces vis servent de réglage. Bon, tant pis.

Une fois le capteur en main, je déclipse le plus vite possible le premier filtre, celui qui fait écran aux poussières et qui vibre pour éliminer ces dernières quand on allume ou éteint le reflex. Je l’enferme dans une petite boite au bout d’une pince pour le laisser à l’abri de la poussière, car il faudra le remonter après. Je n’ai pas pris le temps de faire une photo. Une fois ce premier filtre enlevé, j’arrive enfin à ce 2ème filtre, bleu, qu’il va falloir retirer :

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Il est collé tout autour avec une sorte de mastic noir tout pâteux et collant. J’essaie de couper tout autour avec un cutter, sans ripper pour ne rien abimer. Au début, rien à faire, ça ne bouge pas. Je commence à paniquer, je force de plus en plus, et puis miracle, ça y est ça vient !

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Je retire vite fait ce filtre, puis je remonte de suite le premier filtre pour éviter que trop de poussières ne passent entre le capteur et le filtre, puis le remonte le capteur et serrant les 3 vis au pif, puis je suis les instructions en sens inverse.

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Il ne reste plus qu’à tourner le bouton sur on pour voir si le 50D fonctionne toujours. Miracle, ça marche ! Un vrai pro ! Enfin presque. Après quelques essais sur une mire, je m’aperçois que la position du capteur n’est pas bonne, ce qui est un peu normal vu que je l’ai remis totalement au pif. Mais c’est pas si mal. Je décide quand même, comme si ça ne suffisait pas, de re-démonter le tout pour ajuster un peu la position du capteur en agissant sur les vis, sans savoir si je dois faire 1/8 de tour sur celle du bas ou 1 tour complet… Après un ajustement un peu hasardeux, incroyable, mon capteur se retrouve presque parfaitement positionné. J’arrive même à recaler l’autofocus à l’aide du micro-réglage du boitier, même si en astrophoto l’autofocus ne sert à rien. C’est juste pour le fun.

J’ai voulu tester tout ça sur la spectaculaire nébuleuse d’Orion, mais le ciel cet hiver a été vraiment mauvais tout le temps. Résultat, je n’ai pu assembler que 2 petites séries d’images prises en début de nuit. A chaque fois, ça s’annonçait très bien, et puis une fois tout le matériel installé, une brume arrivait pour foutre en l’air toute la préparation !

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Voici donc une image, il y a environ 20 poses de 30s et 45 poses de 60s assemblées. Il n’y a pas photo, le boitier a capté plus de lumière dans le rouge. Ça c’est la bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que la pollution lumineuse est bien mieux captée également, et rend le fond de ciel bien rouge, et en plus avec un gradient donc pas partout pareil ! Sur cette photo, j’ai assez bien réussi à effacer tout ça avec des masques de fusion appliqués en dégradé sous Photoshop, mais comme vous le verrez plus tard, ça m’a causé plus de soucis sur d’autres objets celestes…

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