Fin mai, comme chaque année, j’ai cherché un couple de pics noirs. J’ai effectué des recherches au dessus de chez moi, vers le fameux couple que j’avais photographié il y a 3 ans. Les 2 saisons suivantes, j’avais vu et revu les oiseaux, sans trouver la loge de reproduction. Cet année, j’avais décidé de prospecter leur territoire pour percer le mystère. j’avais commencé tôt, avant qu’il n’y ait de feuilles, histoire d’y voir clair dans la forêt. Et boum, j’étais tombé sur une loge fraichement creusée, juste au dessus d’une ancienne loge que je n’avais jamais vue, alors qu’elle n’était qu’à 20 mètres d’une autre loge connue que j’avais surveillée l’an dernier…
L’ancienne:
Les photos sont prises avec mon téléphone à travers mes jumelles à main levée. Plutôt pas mal, non ?
Du coup, par la suite, je réalise plusieurs affûts de quelques heures planqué plus loin. Résultat, rien, à part de temps en temps quelques cris lointains. Et puis un jour, en repartant, un oiseau vient se percher près de l’arbre et se met à crier, du genre « casses-toi tu déranges ». Alors pour en avoir le cœur net, je place un piège photo devant les 2 trous de l’arbre, à environ 8 mètres de distance, et à hauteur des trous (j’ai du monter dans l’arbre d’en face, mais heureusement les trous n’étaient pas très haut…). Résultat, rien, à part quelques vidéos de nuit, déclenchées par le vent, durant lesquelles je vois qu’un pic noir dort dans la vieille loge de dessous ! Sur toutes les vidéos on voit sa tête à l’entrée de la loge. Je vous en aurais bien montré une mais je me suis aperçu que j’avais tout effacé…
Du coup, les pics sont bien dans le coin, mais ils ne déclenchent pas la caméra en se posant au bord d’une loge. Trop petit le pic noir ! Je ne suis toujours pas mieux avancé. Je refais un long affût en mai, durant la période théorique de nourrissage des jeunes. Je me rend à l’évidence: pas la moindre trace de pic noir, le mystère qui perdure depuis 2 ans perdure maintenant depuis 3 ans ! Impossible d’y comprendre quelque-chose… Ce serait étonnant qu’il n’y ait pas de reproduction depuis 3 ans. Celle-ci se passe peut être dans un autre territoire mystérieux…
Pas plus de chances avec le couple que j’avais photographié l’an dernier. Comportement reproducteur, une femelle qui vient se poser au bord d’une loge après avoir un peu alarmé au dessus de ma tête alors que j’étais planqué assez loin de l’arbre en question. Et au final, rien, aucun jeune nulle part, rien dans la loge, plus aucune trace de pic noir les jours suivants…
Julien, un copain, n’a pas eu plus de chances avec son couple. Après une bonne période d’activité au début du printemps et le forage d’une jolie loge, les oiseaux ont disparu…
Et du coup, je sauve l’honneur avec un 3ème couple. Lors d’une tournée de relevé des pièges photos en VTT en avril, j’avais fait une pause vers un vieil arbre qui contient 3 anciennes loges qui doivent avoir au moins 15 ans. Et surprise, un pic noir avait décollé sous mes yeux ! Il était en train d’agrandir l’une de ces vieilles loges. Cette fois, les oiseaux s’y sont bien installés pour la reproduction. Malheureusement, sur les 3 loges de l’arbre, ils ont choisi la plus haute et la plus mal orientée.
Du coup, durant mes congés de mai, alors que j’effectue ma première visite pour vérifier qu’il y a bien de la reproduction et que je cherche le « moins mauvais » endroit pour me poster et essayer de faire des photos, je fais ma meilleure photo de cette saison… :
Ah mince, c’est pas celle-là. C’est celle-ci:
La photo est prise à main levée, 5,5 kg au bout des bras…
Je remarque que juste en dessous, des sittelles torchepot squattent une autre loge. Elles ont, comme à leur habitude, rebouché le trou avec de la boue pour ne laisser qu’une petite entrée à leur taille en bas, histoire d’éviter l’intrusion de prédateurs. A l’intérieur, ça doit être un palace pour un oiseau aussi petit !
La météo sera bien entendu très mauvaise tous les jours. Sans lumière, c’est compliqué de faire des photos en forêt, même avec le 5D mark 4 dont l’autofocus, bien que très performant, a trop de mal. De plus, les 2 ou 3 petits de la loge ne sortiront jamais la tête de la loge durant les nourrissages. Du coup, aucune photo sensationnelle…
Les jeunes s’envoleront 5 jours après avoir commencé à sortir la tête du trou. C’est toujours rapide chez le pic noir, mais là ça n’a pas traîné ! Une fois les pics noirs partis, je pense m’intéresser aux sittelles, car je peux enfin m’approcher beaucoup plus près de l’arbre, les sittelles étant beaucoup moins farouches. Mais avec de la pluie tous les jours, les congés se terminent sans la moindre opportunité…