Il y a quelques jours, j’ai tenté un affût au bord de l’eau vers le
Rhône, histoire d’enlever les toiles d’araignées du 7D qui n’a pas pris
de photos depuis un moment. J’arrive tôt le matin, ça commence bien, il y
a un brouillard bien épais, on ne voit pas grand-chose. Je m’installe à
un endroit stratégique, espérant avoir la visite de quelques hérons
dans la matinée. Vu le brouillard, ça sent les photos à la Vincent
Munier mais en version « moins bien », comme d’habitude. D’ailleurs, ce
jour-ci, Munier expose à 20 km de là. Il va peut-être me transmettre un
peu de son talent de photographe… où pas…
Toujours est-il qu’un héron cendré pointe le bout de son bec après un
peu d’attente. Même si on n’y voit pas grand-chose, je reste immobile
quelques minutes, comme le héron qui est en face de moi, car je sais que
lui est en train de scruter son environnement pour être sur qu’il n’y a
pas de danger aux alentours. Lorsqu’il commence à prospecter le fond de
l’eau, je commence lentement à le cadrer et à tenter quelques photos.
Pas mal quand même, non ?
Pendant ce temps, un martin pêcheur me nargue en passant, repassant et
repassant encore devant moi. Une fois il se perche à gauche, une autre
fois à droite, toujours très loin. Plusieurs fois, il vient droit sur
moi, puis dévie sa trajectoire au dernier moment. A mon avis, il a
l’habitude de venir se percher sur les branches d’aulnes pendantes qui
sont juste devant moi, mais à cause de ma présence il n’ose pas venir.
Pas de regrets, de toute façon, il serait trop près pour des photos…
En plein, vol, magnifique ! Commet ça y a pas de martin pêcheur sur la photo ??? Si si, la petite tache bleue floue au milieu…
Mieux cette fois ! Avec un bel œil vif ! Enfin on imagine, vu que la grande loi du truc devant l’œil a encore frappé :
Le brouillard finit par s’éloigner. Le Martin pêcheur aussi …
On pourrait être tenté de lui aménager un joli perchoir juste au bon
endroit et à la bonne distance, qu’il fréquenterait certainement, mais
bon, comme je suis un puriste du naturel, je me refuse à cette pratique,
donc pas de belles photos de Martin pêcheur en perspective…
Pendant la matinée, à un moment, j’entends des craquements de branches à
ma gauche. Je me dis que c’est soit une grosse bête. Normalement, ça ne
peut pas être un gros chasseur qui aurait mangé trop de sanglier, car
je suis dans une réserve. Les bruits se rapprochent, et finalement, 5
biches et un cerf débarquent au bord de l’eau, certainement pour boire
un coup. Le chasseur, lui, il ne serait pas allé au bord de l’eau pour
boire…
Alors vous allez me dire, où sont les photos ??? C’est vrai qu’ils
étaient à 10 mètres de moi, mais totalement à ma gauche, et derrière des
branches bien fournies. Donc plutôt que de me tourner pour essayer de
mal les photographier et d’être sur de me faire repérer, j’ai préféré ne
pas bouger d’une oreille et profiter du spectacle. Sauf que les biches
ont quand même du me sentir car elles sont reparties de suite. J’en ai
même entendu une qui disait à sa copine « t’as vu, je t’avais dit que
c’était pas J-R, allez on se casse ! ». Le Cerf, lui, est venu vite fait
frotter ses bois contre le tronc et est repartit derrière les biches.
Un peu plus tard, un râle d’eau décolle à mes pieds, à moins d’un mètre !
Incroyable, je suis là depuis 2 heures, il a du venir tout près de moi
par derrière les herbes sans que je puisse le voir, puis a fini par voir
le danger. Il se pose dans les roseaux à ma gauche, puis ressort tout
de suite, poursuivi par un autre râle qui se met à … râler parce qu’il
était pénard jusque là. Un peu plus tard, cet autre râle ré-apparait au
bord des roseaux. Et clac, une jolie photo !
Comme vous pouvez le voir, le râle d’eau est un oiseau qui a un bec orange/rouge magnifique… Bon, je le garde dans le viseur, en attendant qu’il se montre un peu mieux, et bien entendu, c’est là que les coups de fusils commencent. Je suis peut-être dans un site protégé, mais les ingénieurs de chez Orange aiment bien venir exercer leur mission de protection de la nature juste en périphérie de la réserve. Juste après, 2 chiens de chasse débarquent au cœur de la réserve pour pister je ne sais quel pauvre animal qui pensait qu’il serait pénard ici, et entre le bruit des clochettes et les aboiements à répétition, je ne vous cache pas que les oiseaux ont tous disparu. Si le but de la chasse est de réguler les photos animalières, c’est réussi ! Du coup je suis repartit, on ne fera pas mieux aujourd’hui…